Gros mots

Gros vient, au 1er siècle, du latin impérial grossus « gros, épais », puis « rude, grossier » en latin chrétien, altération phonétique de crassus « gras »; la voyelle /o/ évoquant mieux la grosseur que le /a/.

Comme adjectif, il désigne, comme son féminin grosse, ce qui dépasse la mesure considérée comme moyenne, normale, par le volume ou ses dimensions. En parlant d’une personne corpulente : gros bébé, gros monsieur, grosse femme. En particulier, d’une partie du corps : gros nez, gros ventre, gros yeux, par figure, grosse tête, personnage important ou influent, avoir le cœur gros, avoir du chagrin. En parlant d’un animal : gros chien, gros gibier, grosse araignée. En parlant d’une chose : gros arbre, gros paquet, gros titre, gros plan, grosse cylindrée en conduite automobile, gros bisous, gros mots, qui, en français africain du Zaïre, signifie « mots savants », grosse caisse en musique, grosse écriture, écriture ample ou composée de lettres dont le tracé est épais.

Ce qui dépasse la mesure ordinaire par son importance ou le caractère essentiel de son objet : grosse nouvelle, gros attroupement, gros-œuvre. Par son aptitude : gros malin, gros buveur, grosse travailleuse. Par sa valeur monétaire : gros bonnet, gros lot, gros pourboire, grosse amende, jouer gros jeu, engager des sommes importantes dans un jeu de hasard ou un pari. En parlant d’un phénomène physique : gros orage, grosse chute de neige. D’une manifestation physique ou psychique qui présente un certain degré d’intensité ou de gravité : gros appétit, gros rhume, gros péché, gros chagrin, grosse colère. Ce qui apparaît comme rudimentaire, élémentaire ou manquant de finesse : grosse étoffe, gros traits, au figuré, gros rire, grosses vérités, vérités si palpables que tout esprit peut les saisir, gros bon sens.

Comme adverbe, gros reprend les valeurs de l’adjectif : voir gros, risquer gros, en gros. Tout comme nom commun, en parlant des choses : le gros du travail, le gros de l’armée, commerce de gros. En parlant de personnes corpulentes, empâtées, épaisses, fortes, grasses, massives, obèses, rebondies, replètes, rondes, rondelettes, ventripotentes, ventrues : « Quand les gros deviennent maigres, il y a longtemps que les maigres sont morts. » (Anonyme cousin par la fesse gauche du sage chinois Lao-Tseu, contemporain de Confucius, 6siècle av. J.‑C.). Et ce qui exprime une valeur affective ou ironique : « Mes nuits sont plus belles que vos jours avec mon gros loup-garou d’amour. »

Les dérivés et composés retiennent surtout l’idée de « taille importante », « grande capacité » et « rusticité » : grosseur, grossir, grossissant, grossissement, grossesse, grossier « rustre », grossièrement, grossièreté, grossoyer, grossement, grossiste « marchand en gros », engrosser, dégrossir, dégrossissement, dégrossissage, gros-bec, l’oiseau, gros cul, le camion, gros-porteur, l’avion, grosso-modo « en gros ».

 

Devoir

Trouvez trois expressions formées avec gros d’après leur définition.

Fixer quelqu’un d’un air sévère.  
Avoir des fautes graves à se reprocher.  
Ignorer une situation pour se protéger.  

Réponse

 

Fixer quelqu’un d’un air sévère. Faire les gros yeux (à quelqu’un).
Avoir des fautes graves à se reprocher. En avoir gros sur la conscience.
Ignorer une situation pour se protéger. Faire le gros dos.

Au 17siècle, la locution faire le gros dos s’inspire de l’attitude du chat qui hérisse son poil et arrondit son dos lorsqu’il se trouve face à un danger. Il paraît ainsi plus grand, plus imposant dans cette position qui semble le protéger de l’ennemi.